Mariage en petit comité : subi ou choisi ?


Beaucoup de couples qui avaient pour projet de se marier en 2020 ont reporté à cause du Covid. Certains mariages ont été frappés par une interdiction pure et simple. Dans d’autres cas, les futurs mariés n’ont pas voulu s'adapter et appliquer le protocole sanitaire strict exigé par les décrets successifs. Les prestataires, bien que n’y étant pas strictement obligés, ont compris pour la plupart les réticences de leurs clients et ont fait de leur mieux pour proposer des reports en 2021.

Jusqu’au début de l’automne, tout le monde pensait d’ailleurs qu’en 2021 la pandémie ne serait plus qu’un mauvais souvenir. Hélas, en ce début d’année, la reprise des activités réceptives, culturelles ou sportives semble encore compromise. Il est encore bien difficile de se projeter raisonnablement dans des situations de convivialité. Evidemment, les réceptions de mariage finiront bien par reprendre mais il est possible que ce qui nous paraissait impensable en juin dernier (port du masque, interdiction des soirées dansantes, distanciation…) devienne notre lot pour un bon moment.

Les couples qui avaient planifié leur mariage bien avant le début de la crise et qui s’étaient déjà projetés, ont parfois du mal à réenvisager les choses différemment, d’autant plus que des sommes importantes ont été engagées pour retenir des prestations désormais impossibles à réaliser à l’identique. L’annulation de leur mariage quelques semaines avant la date en a laissé certains groggy. Cette expérience douloureuse a parfois mis rudement à l’épreuve l’équilibre du couple, chacun.e ayant sa façon de gérer sa déception et les débats sans fin au sein des familles. Un vrai sac de nœuds qui a pu avoir raison des couples les plus fragiles.

Mais ce n’est pas une fatalité non plus et la situation amène aussi des couples à prendre du recul. Certains renoncent tout simplement à se marier, ceci avec légèreté et sans en faire un drame. Certains envisagent le protocole sanitaire avec pragmatisme ou acceptent avec philosophie de ne pas « rentabiliser » au final l’intégralité du budget engagé.

D’autres couples, en particulier ceux dont le projet est né pendant la crise, font évoluer l’idée que l’on peut se faire du mariage et il faut l’avouer, on trouve que cela pourrait conduire à du mieux…

Elopement, micro wedding ou minimony


Ces termes peuvent faire sourire, on peut les voir comme des astuces opportunistes de la part des professionnels du monde du mariage pour continuer à vendre et donc à survivre. Après tout, n’est-ce pas de bonne guerre ?

Ceux ou celles qui œuvrent comme nous dans l’univers du mariage depuis de nombreuses années sont pour beaucoup des passionnés interessés aussi par l’aspect sociologique de cette activité. Un mariage c’est une sorte de « bulle » qui condense des émotions parfois contradictoires, l’organisation de l’évènement lui-même exacerbe les aspects positifs et négatifs de notre mode de vie et de nos relations sociales.

Pendant longtemps on se mariait assez jeune, dans son milieu social et dans sa région, ce qui simplifiait beaucoup les choses : la salle du coin, le traiteur du coin, une robe de mariée choisie dans le magasin spécialisé le plus proche, des proches habitant à proximité et voilà, emballé c’était pesé !

De nos jours, les gens sont plus mobiles, ils se marient plus tardivement et/ou plusieurs fois, souvent ils ont déjà des enfants (ensemble ou pas) et leurs invités viennent de régions et de pays divers. Le fait de se marier à l’église du coin n’est plus désormais ni une évidence ni une obligation.

Alors oui, il ne faut pas se le cacher c’est parfois compliqué. Non, c’est TRÈS compliqué d’organiser une réception avec une cinquantaine d’enfants, mettre l’ambiance avec des gens qui viennent de faire 9h de voiture non-stop, trouver des solutions d’hébergement accessibles pour des niveau de budgets disparates, sans oublier prévoir de multiples variantes du menu (vegan, sans viande, sans porc, sans lactose, sans gluten, sans arachides…). Ceci tout en fédérant les gens autour d’une cérémonie religieuse ? Laïque ? Civile ? Les trois ?

Alors chers futurs mariés, ne vous culpabilisez pas sur le thème « On est nuls, on y arrive pas, nos proches ne sont pas cools » car la réelle difficulté de l’équation est objective.

Quel rapport avec le Covid me direz-vous ? Et bien le rapport est limpide ! Plutôt que de rêver à un projet grandiose très compliqué à organiser, actuellement rendu encore plus compliqué par le Covid qui en remet une couche, pourquoi ne pas revenir à l’essentiel ?

Un mariage c’est quoi au final ? On pourrait dire que c’est l’engagement sincère de deux personnes qui s’engagent par amour à essayer de vivre en harmonie avec elles-mêmes en premier lieu et dans un second temps avec un cercle de proches faisant réellement partie de leur quotidien et de leur vie.

Un élopement c’est une sorte de « fugue » à deux. Un voyage initiatique pour les amoureux qui partent sceller leur engagement dans un endroit inspirant avec un.e photographe et parfois un.e célébrant.e.

Un micro-wedding c’est un mariage en tout petit comité, tout simplement. Un mariage où l’ont fait fi des usages pour n’inviter que les gens que l‘on aime vraiment. Certaines personnes éloignées seront-elles vexées de ne pas être invitées ? Quelle importance si on ne les côtoie pas de toute façon ? Et puis certaines d’entre elles seront peut-être soulagées aussi, au fond.

La cérémonie est souvent le moment le plus marquant d’un mariage, surtout si ce moment a été préparé avec soin et cœur, en se faisant aider par un professionnel. Si on pense en terme de « Minimony », le petit comité peut se résumer aux parents, grand-parents témoins, frères et sœurs, enfants éventuels, officiant.e et photographe. L’expérience nous a montré que le moment n’est pas rendu plus précieux par le nombre de personnes présentes.

Je terminerai par un souvenir : c’était en 2014. Lydie et Laurent voulaient se marier dans une « bulle hors du temps », c’est comme cela qu’ils ont qualifié leur projet lors de notre première rencontre. Tout n’était pas simple dans leur vie à ce moment-là mais ils ont choisi la simplicité pour célébrer leur amour. Nous avons passé deux jours complets avec eux et leurs très proches. Ils étaient 15, nous étions 10 « prestataires » (célébrante, musiciens, traiteur, serveurs, photographe). Ce contexte particulier nous a permis à tous.te.s de toucher du doigt un moment de vérité :
L’amour véritable. Le bonheur d’être ensemble dans un moment important. Un comité intime qui permet de se sentir en confiance et d’exprimer plus facilement ses sentiments. Gâter les personnes les plus importantes de sa vie plutôt que de moins bien recevoir quantité de personnes dont beaucoup de quasi inconnus. Le temps suffisant pour en profiter vraiment, sans être écrasé par les micro-détails d’un projet devenu une véritable « usine à gaz ».

Si le Covid permettait à ceux qui seraient tentés, d’assumer le mariage en tout petit comité ce ne serait peut-être pas une si mauvaise nouvelle au final 😊


Signé : L'ENLUMINEUR